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Sommet de l'Agence spatiale européenne à Séville : "Où l'Europe veut-elle aller ?"
information fournie par Boursorama avec Media Services 06/11/2023 à 15:41

Des représentants des 22 États membres de l'agence se réunissent lundi et mardi pour décider de l'avenir spatial de l'Europe. Les discussions s'annoncent ardues.

Une fusée européenne Ariane 6 sur sa zone de lancement, dans le port spatial européen de Kourou, en Guyane, le 22 juin 2023.  ( ArianeGroup / S MARTIN )

Une fusée européenne Ariane 6 sur sa zone de lancement, dans le port spatial européen de Kourou, en Guyane, le 22 juin 2023. ( ArianeGroup / S MARTIN )

Objectif de ce sommet : trouver les moyens de pérenniser les lanceurs et définir le rôle du continent dans l'exploration spatiale. L'Europe est confrontée à la ruée des Américains, Indiens et Chinois vers la Lune, au rôle économique croissant des données spatiales et à une crise qui la prive d'un accès autonome à l'espace. "Les enjeux sont considérables et ma question est littéralement : où l'Europe veut-elle aller ?", interroge le patron de l'Agence spatiale européenne (ESA) Joseph Aschbacher : "veut-elle se positionner en simple cliente de services vendus par d'autres, ou considère-t-elle l'espace comme un enjeu stratégique ?".

Le directeur de l'Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher durant une conférence de presse à Cologne (Allemagne) le 3 mai 2023.  ( AFP / INA FASSBENDER )

Le directeur de l'Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher durant une conférence de presse à Cologne (Allemagne) le 3 mai 2023. ( AFP / INA FASSBENDER )

La première journée de ce sommet spatial devait être consacrée à un conseil ministériel des 22 États membres de l'agence (la plupart des pays de l'UE, le Royaume-Uni, la Suisse et la Norvège). La seconde, organisée par la présidence espagnole de l'Union européenne, sera dédiée à une réunion conjointe UE-ESA. Au cours de ce sommet, les États doivent réitérer leur engagement à faire de l'observation de la Terre pour le climat une priorité des investissements futurs. Le sujet fait peu débat, selon plusieurs sources, optimistes.

350 millions d'euros par an pour financer Ariane 6

Autre point à l'ordre du jour : l'exploration robotique et habitée. Dans un rapport commandé par l'ESA, en avril, des experts appelaient l'Europe à garantir une "présence permanente et indépendante" sur les orbites terrestre et lunaire, ainsi que sur la Lune. L'Europe ne dispose actuellement pas de moyens propres pour envoyer des astronautes dans l'espace. Elle dépend d'un système de troc avec Moscou ou Washington. Cela suppose d'importants investissements, or "nous ne sommes pas dans une situation économique porteuse", pointe Joseph Aschbacher. Une "première brique" serait, selon une source proche du dossier, que l'industrie développe elle-même une capsule cargo pour des missions en orbite basse . Les États offriraient des garanties d'achats de services en retour. "C'est un moyen de réduire les coûts", selon cette source.

Le point le plus épineux concerne la question des lanceurs spatiaux, condition d'un accès autonome à l'espace. "Les discussions sont difficiles", concède Philippe Baptiste, président du Cnes, l'agence spatiale française. Les États doivent trouver un modèle d'exploitation pour Ariane 6 , qu'il va falloir subventionner pour assurer la compétitivité, face à l'Américain SpaceX notamment. Le retard de quatre ans de la fusée, qui n'effectuera son vol inaugural qu'en 2024, et l'inflation, ont engendré des "surcoûts considérables", selon une source proche du dossier. Quand le programme sera en rythme de croisière, c'est-à-dire à partir du 16e vol, à l'horizon 2027-2028, il y aura un besoin de financement d'environ 350 millions d'euros par an , selon cette source, confirmant une information de La Tribune .

Le président du Centre national d'études spatiales (Cnes) Philippe Baptiste, au 73e Congrès international des astronautes à Paris, le 18 septembre 2022.  ( AFP / EMMANUEL DUNAND )

Le président du Centre national d'études spatiales (Cnes) Philippe Baptiste, au 73e Congrès international des astronautes à Paris, le 18 septembre 2022. ( AFP / EMMANUEL DUNAND )

La France, qui finance la moitié du programme, s'y résout au nom de la souveraineté, de même que l'Italie, dans une situation similaire avec son lanceur Vega-C. Mais, pour l'Allemagne et la plupart des autres pays, c'est une "faillite du système", explique cette source. Berlin veut pour sa part davantage de concurrence pour la prochaine génération de lanceurs européens , afin de réduire les coûts.

"C'est maintenant, il faut qu'on trouve un accord"

Plutôt qu'un programme dirigé par l'ESA, l'agence achèterait des services de lancement aux industriels. C'est l'approche adoptée par la Nasa. Plusieurs entreprises allemandes s'y préparent, en développant pour l'heure de petits lanceurs. Tout comme le Français MaiaSpace, filiane d'Arianegroup , le constructeur d'Ariane 6. Rome pousse pour qu'Avio, le constructeur italien de Vega-C, puisse commercialiser directement sa fusée, actuellement exploitée par Arianespace pour le compte de l'ESA.

Face à ce grand chambardement potentiel, les autres États de l'ESA ont aussi leur mot à dire, les décisions étant prises par consensus. Les pays membres bénéficient de la règle du retour géographique, qui prévoit que l'investissement de chacun se traduise par des retombées industrielles équivalentes pour ses entreprises. "Si on trouve un accord, c’est un reset (remise à zéro) complet autour du système des lanceurs, ça veut dire qu’on sécurise l’existant, Ariane 6, qu’on s'accorde sur une méthode pour préparer le futur et qu’on prépare la base spatiale de Kourou", estime Philippe Baptiste. Selon lui, "il y a une forme d’exaspération, donc c’est maintenant, il faut qu’on trouve un accord".

1 commentaire

  • 07 novembre 08:55

    base spatiale de Kourou actuellement fermée; les Russes ayant rapatrié TOUS ses ingénieurs .


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